Du désir au cartel, pas sans l’écriture

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Du désir au cartel, pas sans lécriture

Le thème du cartel dont je fais partie « Jouissance féminine, aujourd’hui ? » s’est élaboré à partir du constat que notre civilisation change très vite et que les lignes de la jouissance féminine, peut-être bougent également ? Il existe une progression sans conteste de mouvements d’activistes non binaires, queers, … sur l’île. Leur vocabulaire change, avec beaucoup d’anglicismes et de nouvelles définitions. Il existe un engouement pour une recherche identitaire au regard de « l’art » avec des techniques corporelles, comme le voguing … qui utilisent la caméra, ce qui se voit jusqu’à la (dé)monstration. Les codes vestimentaires sont en mutation de façon très prégnantes, comme si la première marche des visibilités, à la Réunion, avait permis à l’extraordinaire de devenir ordinaire. Une jouissance sur fond de féminisation, mais son versant illimité n’en fait pas pour autant, une jouissance féminine.

Une impasse 

J’ai d’abord proposé une lecture du livre Femmes lacaniennes[1]. J’y ai trouvé beaucoup de références qui traversent l’enseignement de Lacan, pas sans des références à J.A. Miller. Éric Laurent en a écrit la préface en l’intitulant La psychanalyse vue du côté femme. Rose-Paule Vinciguerra aborde l’hystérie avec des traversées sur l’amour d’une femme pour un homme, la relation mère-fille, le rapport au sexe, la cure, sa fin par la passe, le désir de l’analyste, la notion de pas-tout, telle la progression d’une analysante en cure. Bien que j’aie lu environ 150 pages de ce livre, que j’ai souligné des passages qui m’intéressent, qui suscitent des interrogations, je n’ai pu m’y remettre avec l’enthousiasme du début. Quelque chose achoppe, mais quoi ?

Un début de dénouement 

Plus-une d’un cartel travaillant sur les « Formes du désir féminin »[2], Anna Aromi parle de « Créer un vide, un trou » d’emblée dans le cartel, afin de permettre une élaboration. Une élaboration attendue, puisque les produits de ce cartel seront publiés dans la prochaine revue Scilicet. Ces propos illustrent bien le thème de cette journée[3] des cartels, Du désir au cartel, pas sans l’écriture. D’ailleurs, en 1967, Lacan disait : « Autour de ce trou dans le savoir propre à chacun, ce non-su, se trace un cadre pour le savoir »[4].

N’ai-je pas voulu combler ce trou trop vite ?

De la soirée préparatoire au congrès de l’AMP[5], un début de réponse s’est ébauché pour moi : depuis que le livre de R.P. Vinciguerra a été écrit, les mutations sont allées très vite et il met en avant la nécessité d’élargir nos lectures.  C’est aussi un temps où d’autres évolutions se profilent : celle de la procédure de la Passe, celle de la folie généralisée dans une démocratie qui ravale le mot à la chose, sans considérer l’écart qu’introduit l’inconscient. Cette journée Question d’École  où il a été question de la « dépathologisation », de la loi …

Écrire

Loin d’avoir cerné tous les enjeux qu’amènent la dépathologisation dans notre champ, j’ai commencé à écrire pour l’intercartel et le séminaire interne aux membres de l’ACF locale et ma question de cartels a émergé : La dépathologisation : jouissance toute et jouissance féminine ? Ou comment y faire avec un monde où le pathologique devient normal ?

Stéphanie Tessier

[1] Vinciguerra.R.-P, Femmes lacaniennes, éditions Michèle, édition Je est un autre dirigée par Ph. Lacadée

[2] Cartel multilingues, mis en place pour travailler le thème des grandes assises virtuelles internationales de l’AMP du 31 mars au 3 avril 2022, « La femme n’existe pas ».

[3] Intercartel et rentrée des cartels, le 12 Février 2022, avec la participation de Dominique Corpelet, par zoom.

[4] Lacan. J, Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École, Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001

[5] Soirée préparatoire au congrès de l’AMP[5] « La femme n’existe pas » du lundi le 31 janvier 2022