Une expérience du cartel « La psychanalyse, à quoi ça tient ? »  

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Une expérience du cartel « La psychanalyse, à quoi ça tient ? »

Lors des journées de l’ACF en juin 2021, j’ai parlé du cartel « La psychanalyse, à quoi ça tient ? » dont je suis le plus-un. Notre invitée Claudine Valette-Damase nous demandait si l’emploi de zoom avait perturbé nos rencontres en cartel.

Ma réponse fut que cela ne s’était pas posé comme tel dans la mesure où ce cartel, servant de soubassement au Séminaire mensuel d’Introduction à la Psychanalyse, qui a pour thème : « La psychanalyse, à quoi ça tient ? » ne pouvait être ajourné. Dans ma responsabilité de plus-un, je suis attentive à ce que chacun des cartellisants puisse produire à tour de rôle et à chaque séance un exposé servant de base au Séminaire, ce qui constitue un pousse au travail rigoureux de textes sur des concepts théoriques comme sur des cas cliniques, mais aussi un pousse à écrire à un rythme soutenu. En l’occurrence, la perspective de l’exposé met au travail de façon minutieuse les textes pour en extraire l’ossature, un point de butée, les conditions nécessaires à l’orientation psychanalytique lacanienne, etc., autant de mises en lumière issues de la lecture de chaque cartellisant, animé par le projet de susciter une conversation avec les participants au Séminaire. A partir de son produit écrit, transmis et partagé à plusieurs en cartel, pas sans lien avec la recherche propre à chacun et le réel mis en jeu par sa cure, il est espéré la construction d’un savoir nouveau qui relance le désir mais aussi une contribution aux travaux de l’École en tant que l’outil cartel proposé par Lacan a vocation de constituer « l’organe de base »[1] du travail d’École sur la psychanalyse.

Un des écueils rencontrés dans ma fonction de plus-un est celui d’évoluer auprès de cartellisants avancés dans l’étude des textes psychanalytiques, ce qui peut inhiber certaines initiatives ou prises de parole de mon côté. Effet de groupe du côté de l’Idéal, poussée surmoïque, qui révèleraient ma division subjective, ceci m’amène à interroger cette fonction plus-une en tant que sine qua non. En l’occurrence, l’élucidation des textes écrits par les collègues et ceux de mon cru, en direction des participants, est une boussole. Le choix des interventions se faisant à plusieurs a pour effet de décompléter la position de chacun. Il s’agit aussi de soutenir ce qui progresse de la question propre à chacun, qui opère à bas bruit, parfois à l’insu de soi, dans l’alternance des séquences cartel-séminaire ; un travail en progression, qui s’actualise en se resserrant par l’écriture.

L’important n’est-il pas, via le transfert de travail entre les « épars désassortis »[2] que nous sommes, tournés vers l’École, de me faire présente – pas sans quatre autres – à veiller au devenir des productions de chacun en direction de la communauté analytique, pour contribuer à rendre vivante la transmission de la psychanalyse, à partir de ce qu’on ne sait pas ?

L’intercartel de février 2022 provoque des effets de surprise : « Pas de cartel sans plus-un » ! « Le cartel, ça tient à quoi ? ». Par sa présence singulière transmise en visioconférence et ses retours éclairants, le Délégué aux cartels de l’École, suscite un pas supplémentaire. Me vient à l’esprit la dimension de l’éthique, tournée du côté d’un engagement où la satisfaction issue de la réalisation du travail fait taire une jouissance mortifère en faveur de la relance d’une vitalité désirante !

Mary Carmen Polo

[1] Lacan, J., « D’écolage », 11 mars 1980. http://www.causefreudienne.net/cartels-dans-les-textes/

[2] Lacan, J., Le Séminaire, livre XXI, Les non-dupes errent, leçon du 9 avril 1974, inédit ;