IPE : 7° Journées d’Étude à Paris le 18 Mars

Les 7° Journées d’étude de l’Institut Psychanalytique de l’Enfant se dérouleront au Palais des Congrès d’Issy-les-Moulineaux le 18 mars 2023. Elles se dérouleront sur le thème :

« Parents exaspérés – Enfants terribles »

TÉLÉCHARGER L’ARGUMENT 1

https://institut-enfant.fr/zappeur-jie7/argument-3/

L’ARGUMENT 2

https://institut-enfant.fr/zappeur-jie7/argument-2-2/




Du désir au cartel, pas sans l’écriture

Du désir au cartel, pas sans lécriture

Le thème du cartel dont je fais partie « Jouissance féminine, aujourd’hui ? » s’est élaboré à partir du constat que notre civilisation change très vite et que les lignes de la jouissance féminine, peut-être bougent également ? Il existe une progression sans conteste de mouvements d’activistes non binaires, queers, … sur l’île. Leur vocabulaire change, avec beaucoup d’anglicismes et de nouvelles définitions. Il existe un engouement pour une recherche identitaire au regard de « l’art » avec des techniques corporelles, comme le voguing … qui utilisent la caméra, ce qui se voit jusqu’à la (dé)monstration. Les codes vestimentaires sont en mutation de façon très prégnantes, comme si la première marche des visibilités, à la Réunion, avait permis à l’extraordinaire de devenir ordinaire. Une jouissance sur fond de féminisation, mais son versant illimité n’en fait pas pour autant, une jouissance féminine.

Une impasse 

J’ai d’abord proposé une lecture du livre Femmes lacaniennes[1]. J’y ai trouvé beaucoup de références qui traversent l’enseignement de Lacan, pas sans des références à J.A. Miller. Éric Laurent en a écrit la préface en l’intitulant La psychanalyse vue du côté femme. Rose-Paule Vinciguerra aborde l’hystérie avec des traversées sur l’amour d’une femme pour un homme, la relation mère-fille, le rapport au sexe, la cure, sa fin par la passe, le désir de l’analyste, la notion de pas-tout, telle la progression d’une analysante en cure. Bien que j’aie lu environ 150 pages de ce livre, que j’ai souligné des passages qui m’intéressent, qui suscitent des interrogations, je n’ai pu m’y remettre avec l’enthousiasme du début. Quelque chose achoppe, mais quoi ?

Un début de dénouement 

Plus-une d’un cartel travaillant sur les « Formes du désir féminin »[2], Anna Aromi parle de « Créer un vide, un trou » d’emblée dans le cartel, afin de permettre une élaboration. Une élaboration attendue, puisque les produits de ce cartel seront publiés dans la prochaine revue Scilicet. Ces propos illustrent bien le thème de cette journée[3] des cartels, Du désir au cartel, pas sans l’écriture. D’ailleurs, en 1967, Lacan disait : « Autour de ce trou dans le savoir propre à chacun, ce non-su, se trace un cadre pour le savoir »[4].

N’ai-je pas voulu combler ce trou trop vite ?

De la soirée préparatoire au congrès de l’AMP[5], un début de réponse s’est ébauché pour moi : depuis que le livre de R.P. Vinciguerra a été écrit, les mutations sont allées très vite et il met en avant la nécessité d’élargir nos lectures.  C’est aussi un temps où d’autres évolutions se profilent : celle de la procédure de la Passe, celle de la folie généralisée dans une démocratie qui ravale le mot à la chose, sans considérer l’écart qu’introduit l’inconscient. Cette journée Question d’École  où il a été question de la « dépathologisation », de la loi …

Écrire

Loin d’avoir cerné tous les enjeux qu’amènent la dépathologisation dans notre champ, j’ai commencé à écrire pour l’intercartel et le séminaire interne aux membres de l’ACF locale et ma question de cartels a émergé : La dépathologisation : jouissance toute et jouissance féminine ? Ou comment y faire avec un monde où le pathologique devient normal ?

Stéphanie Tessier

[1] Vinciguerra.R.-P, Femmes lacaniennes, éditions Michèle, édition Je est un autre dirigée par Ph. Lacadée

[2] Cartel multilingues, mis en place pour travailler le thème des grandes assises virtuelles internationales de l’AMP du 31 mars au 3 avril 2022, « La femme n’existe pas ».

[3] Intercartel et rentrée des cartels, le 12 Février 2022, avec la participation de Dominique Corpelet, par zoom.

[4] Lacan. J, Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de l’École, Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001

[5] Soirée préparatoire au congrès de l’AMP[5] « La femme n’existe pas » du lundi le 31 janvier 2022




Une expérience du cartel « La psychanalyse, à quoi ça tient ? »  

Une expérience du cartel « La psychanalyse, à quoi ça tient ? »

Lors des journées de l’ACF en juin 2021, j’ai parlé du cartel « La psychanalyse, à quoi ça tient ? » dont je suis le plus-un. Notre invitée Claudine Valette-Damase nous demandait si l’emploi de zoom avait perturbé nos rencontres en cartel.

Ma réponse fut que cela ne s’était pas posé comme tel dans la mesure où ce cartel, servant de soubassement au Séminaire mensuel d’Introduction à la Psychanalyse, qui a pour thème : « La psychanalyse, à quoi ça tient ? » ne pouvait être ajourné. Dans ma responsabilité de plus-un, je suis attentive à ce que chacun des cartellisants puisse produire à tour de rôle et à chaque séance un exposé servant de base au Séminaire, ce qui constitue un pousse au travail rigoureux de textes sur des concepts théoriques comme sur des cas cliniques, mais aussi un pousse à écrire à un rythme soutenu. En l’occurrence, la perspective de l’exposé met au travail de façon minutieuse les textes pour en extraire l’ossature, un point de butée, les conditions nécessaires à l’orientation psychanalytique lacanienne, etc., autant de mises en lumière issues de la lecture de chaque cartellisant, animé par le projet de susciter une conversation avec les participants au Séminaire. A partir de son produit écrit, transmis et partagé à plusieurs en cartel, pas sans lien avec la recherche propre à chacun et le réel mis en jeu par sa cure, il est espéré la construction d’un savoir nouveau qui relance le désir mais aussi une contribution aux travaux de l’École en tant que l’outil cartel proposé par Lacan a vocation de constituer « l’organe de base »[1] du travail d’École sur la psychanalyse.

Un des écueils rencontrés dans ma fonction de plus-un est celui d’évoluer auprès de cartellisants avancés dans l’étude des textes psychanalytiques, ce qui peut inhiber certaines initiatives ou prises de parole de mon côté. Effet de groupe du côté de l’Idéal, poussée surmoïque, qui révèleraient ma division subjective, ceci m’amène à interroger cette fonction plus-une en tant que sine qua non. En l’occurrence, l’élucidation des textes écrits par les collègues et ceux de mon cru, en direction des participants, est une boussole. Le choix des interventions se faisant à plusieurs a pour effet de décompléter la position de chacun. Il s’agit aussi de soutenir ce qui progresse de la question propre à chacun, qui opère à bas bruit, parfois à l’insu de soi, dans l’alternance des séquences cartel-séminaire ; un travail en progression, qui s’actualise en se resserrant par l’écriture.

L’important n’est-il pas, via le transfert de travail entre les « épars désassortis »[2] que nous sommes, tournés vers l’École, de me faire présente – pas sans quatre autres – à veiller au devenir des productions de chacun en direction de la communauté analytique, pour contribuer à rendre vivante la transmission de la psychanalyse, à partir de ce qu’on ne sait pas ?

L’intercartel de février 2022 provoque des effets de surprise : « Pas de cartel sans plus-un » ! « Le cartel, ça tient à quoi ? ». Par sa présence singulière transmise en visioconférence et ses retours éclairants, le Délégué aux cartels de l’École, suscite un pas supplémentaire. Me vient à l’esprit la dimension de l’éthique, tournée du côté d’un engagement où la satisfaction issue de la réalisation du travail fait taire une jouissance mortifère en faveur de la relance d’une vitalité désirante !

Mary Carmen Polo

[1] Lacan, J., « D’écolage », 11 mars 1980. http://www.causefreudienne.net/cartels-dans-les-textes/

[2] Lacan, J., Le Séminaire, livre XXI, Les non-dupes errent, leçon du 9 avril 1974, inédit ;




Fantasme et mythe

Fantasme et mythe

Lors de ce cartel autour du concept de fantasme, je questionnais le rapport entre le fantasme et le mythe. Dans l’analyse de l’Homme aux rats[1], Freud origine l’entrée en cure et le déclenchement de la névrose de Ernst Lanzer à partir du fantasme du supplice des rats, raconté par le capitaine cruel. Comment dans sa relecture du cas de Freud, Lacan en vient à extraire un mythe individuel ? Il y a-t-il une dialectique possible entre fantasme singulier et mythe individuel ?

Une des difficultés de ce travail en cartel fut de prendre en compte une particularité de l’enseignement de Lacan qui est d’être une pensée en construction. La lecture d’un article, d’un exposé ou d’un séminaire de Lacan ne peut se lire « comme un traité » pour reprendre les propos de Jacques-Alain Miller mais nécessite de prendre en compte son « étoffe temporelle[2] ».

Partant de ce postulat il convient de rappeler que Le mythe individuel du névrosé[3] est un exposé prononcé devant le Collège philosophique en 1952. Cette période se caractérise pour Lacan par l’intérêt qu’il porte aux travaux de Lévi-Strauss et au symbolique. Le mythe trouvera une occurrence dans son enseignement jusqu’au séminaire L’Envers de la psychanalyse (1969-1970). S’agissant du fantasme, Lacan s’appliqua à relever la logique inconsciente du fantasme dans le Séminaire La logique du fantasme (1966-1967). De par les termes qui constituent le mathème du fantasme, à savoir petit a et S(barré), l’élaboration autour du concept sans que la structure fondamentale n’en soit modifiée, se stratifie avec le temps.

Prenant en compte la particularité de l’enseignement de Lacan, nous suffirait-il de réduire la question du rapport entre mythe et fantasme à une simple diachronie épistémique ? Ce qui reviendrait à ne s’attarder qu’au dernier enseignement de Lacan.

L’angle choisi pour tenter de répondre à la question d’entrée de ce travail de cartel fut de s’intéresser à la grammaire du mythe et du fantasme. Bien que tout deux soient des formules d’un rapport, il n’y a pour autant pas d’équivalence entre la structure du mythe et celle du fantasme.

Avec Lacan, nous dit Jacques-Alain Miller, le fantasme devient « le lieu où la question du sujet sur son désir trouve sa réponse[4] » et de situer ainsi la relation d’objet dans le registre du désir. L’écriture du fantasme renvoie à une relation entre deux éléments : le sujet S (barré) et l’objet petit a ; relation à double entrée, caractérisée par le poinçon. « Le poinçon [˂ ˃] est la réunion de quatre propositions logiques en mathématique : inclusion / exclusion et union / intersection. L’union s’écrit U, l’intersection n, l’inclusion > et l’exclusion <[5] ». Ainsi le sujet est en relation avec l’objet petit a par ces quatre propositions à la fois, soulignant le côté insaisissable de l’objet. La relation à double entrée indique que la formule du fantasme peut se lire dans les deux sens. Une règle grammaticale de l’écriture du fantasme apparait : les renversements possibles dans la formule : entre petit a et S (barré) mais aussi à travers la relation même qui les unie : inclusion/exclusion ; union/intersection.

Cette règle grammaticale se retrouve dans l’élaboration du mythe individuel du névrosé. En effet, Lacan démontre « qu’il y a chez le névrosé une situation de quatuor, qui se renouvelle sans cesse[6] ». Le mythe, structure à quatre termes, se définit par des rapports fonctionnels, une relation inaugurale qui se répètent et se modifient par la permutation des quatre termes. Ainsi, pour Ernst Lanzer, dans la constellation familiale qui le précède la dette du père face à l’armée renvoie à la dette payée par l’ami du père corrélativement à la dialectique femme riche/ femme pauvre de l’histoire du couple. Par renversement/permutation chez le névrosé la dette de Ernst renvoie à l’argent avancé par la dame de la poste et par le lieutenant A qui l’amène à construire un scénario où dame de la poste, le lieutenant A et le lieutenant B prennent leurs places dans la structure du mythe.

Mythe et fantasme partageraient cette loi grammaticale du renversement. S’agissant du fantasme, Marie-Helène Brousse propose de lire le poinçon comme « désir de[7] ». Ainsi le fantasme nous indique les voix de l’objet cause du désir en tant qu’il est manquant. D’un autre côté, le mythe « serait là pour nous montrer la mise en équation sous une forme signifiante d’une problématique qui doit par elle-même laisser nécessairement quelque chose d’ouvert, qui répond à l’insoluble en signifiant l’insolubilité, et sa saillie retrouvée dans ses équivalences qui (ce serait là la fonction du mythe) le signifiant de l’impossible[8] ». Ainsi mythe et fantasmes sont des tentatives d’écriture d’un rapport impossible. En effet, « les variables du mythe, et dans l’analyse les variables du fantasme fondamental, sont autant de tentative de dépasser cette contradiction première, cet indécidable, de donner une forme à l’impossible d’une relation binaire entre deux éléments[9] ». Est-ce en cela que le fantasme constitue le trognon du mythe[10]?

Marie Ingrid Barret

[1] Freud S., « Remarques sur un cas de névrose de contrainte » (1909), Cinq Psychanalyses, Paris, PUF, 2008

[2] Miller J-. A., « Une introduction à la lecture du Séminaire 6 Le Désir et son interprétation », La Cause du Désir, n°86 2014, p62

[3] Lacan J., Le mythe individuel du Névrosé (1952), Paris, Seuil, 2007

[4] Miller JA, op. cit., p69

[5] Dupont L., « Fantasme et au-delà », 2017, publication en ligne (https://www.lacan-universite.fr/wp-content/uploads/2017/04/04-Ironik23-laurent-Dupont-Nantes-DEF-1.pdf) p1

[6] Lacan J. op. cit.,p32

[7] Brousse M-H, « La formule du fantasme? », in Miller G. (s/dir), Philosophie présente Lacan, Paris, Bordas, 1987 p116

[8] Lacan J., « Question faite à Lévi Strauss » (1956), Le mythe individuel du névrosé, op. cit., p105

[9] Brousse M-H, op. cit., p113

[10] Brousse M-H, op. cit., p113




Témoignage de cartel : sur le fil de la non interprétation

Témoignage de cartel : sur le fil de la non interprétation

Mon désir de faire Cartel se soutient de deux choses : me « cogner » aux textes et un questionnement (très large) sur la clinique auprès des enfants. Ainsi nous nous sommes lancés dans la lecture du séminaire IV : La relation d’objet.

La lecture en cartel permet d’aborder mon premier point, pas seule, et ce dans la discussion de ce que chacun entend, croit saisir, ne comprend pas, voire reste complètement énigmatique. Ces discussions me permettent de prendre appui sur de la clinique ou des faits d’actualité politique, sociétale…

Le deuxième point, la clinique auprès des enfants, je ne l’ai toujours pas précisé. Quelques fulgurances ont émergé, comme celle à la lecture de ce que j’ai entendu qu’on n’interprète pas chez un tout-petit : on n’interprète pas avant que le symbolique soit entré dans le monde du sujet, ou que le sujet y ait fait son entrée. En l’occurrence travaillant uniquement avec les moins de 3 ans, voilà déjà un sacré repère « C’est uniquement à partir de l’entrée du sujet dans un ordre qui pré existe à tout ce qui lui arrive (…) que tout ce par quoi il aborde son expérience (…) s’ordonne, s’articule, prend son sens, et peut être analysé » [i]. Cela semble d’une logique à tout épreuve et cela fait partie des choses à partir desquelles on réagit « bon sang mais c’est bien sûr ! ».

Ma question n’a pas encore trouvé à s’élaborer. Néanmoins pour avoir été marquée par ces quelques lignes, je me dis qu’il doit s’agir de quelque chose du côté de la position de l’analyste auprès de l’enfant. Comment intervient-il ? Pour quoi ? Pour qui[ii] ? Dans les discussions (et non pas dans la lecture seule) c’est étrangement toujours un même enfant qui revient m’éclairer cliniquement quant aux concepts que Lacan déplie sous nos yeux et nos oreilles parfois torturés. C’est ce que cet enfant amène en séance qui vient me percuter dans l’après-coup de la lecture ou de l’écoute, puisque nous faisons une lecture à voix haute. Et ce, qu’il s’agisse dans ce séminaire du rapport à l’objet manquant, de la construction psychique de la frustration et son amorce du symbolique ou encore de la théorie du signifiant qui surgit çà et là dans le texte.

A noter que la rencontre avec cet enfant s’est initiée en cours de cartel. Deux questions se dessinent donc là pour moi, deux voies. A moins qu’un nouage vienne opérer.

 Amandine Lévy

[i] Lacan J., Séminaire livre IV, La relation d’objet, Paris, Ed. Seuil, p. 102.

[ii] Notamment dans l’accueil des enfants avec leur parent dont la présence est parfois nécessaire et demandée par l’enfant.




« Institution et clinique du vieillir : une éthique du sujet »

« Institution et clinique du vieillir : une éthique du sujet »*

En juin dernier, les Journées de notre ACF accueillaient – par zoom ! – Claudine Valette-Damase, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, sous le thème : « Pas d’âge pour le désir ! » Une matinée de travail a été consacrée à la clinique du vieillir, un thème cher à notre invitée notamment au travers du réseau des CÉRÂS[1].

Comment se débrouiller dans les institutions accueillant des personnes dites « âgées et dépendantes » pour faire valoir quelque chose d’une éthique du sujet ?

Notre invitée en fait un enjeu car seule cette éthique « permet de se confronter au pire, de supporter ce que personne ne supporte. Et de fait ainsi nous sommes efficaces dans l’humanisation de ces lieux qui sont avant tout de ségrégation ».

Au cours de cette matinée, nous avons entendu différentes modalités de travail au sein de ces institutions. Chacune met en lumière comment une clinique orientée par la psychanalyse lacanienne permet la prise de parole de l’être parlant, au-delà de la question du vieillissement.

Subvertissant un dispositif d’« éducation thérapeutique », une collègue ergothérapeute témoigne de son accompagnement d’un résident particulièrement désarrimé de l’Autre. Lui porter de l’attention, mais pas trop, a permis un nouveau lien social et une certaine relance du désir pour ce monsieur. En faisant avec sa singularité, elle s’est laissée enseigner par lui. Ce travail indique aussi comment il est important dans ces institutions de savoir manier le transfert au point de permettre qu’il se pluralise.

Claudine Valette-Damase a choisi de nous parler d’une expérience de « groupe de parole » dans un EHPAD. Ce dispositif, créé à partir du discours analytique, va permettre une expérience inédite de la parole. Inédite parce que celle-ci s’adresse à une psychanalyste qui s’offre à « incarner le lieu et le lien, sans place ni statut préalablement définis ». Ainsi peut se dire la « différence radicale entre les sujets ». Inédite encore car « la parole en psychanalyse décomplète, vient faire coupure avec le discours courant ».

Pour finir, notre deuxième collègue, psychologue, nous indique comment on peut se saisir de ce qui ne va pas dans l’institution pour inventer quelque chose. Cela part du cas singulier de Mme D. qui fait symptôme dans l’institution. Les soignants sont divisés par ce qui se joue autour de cette dame et demandent à pouvoir « en parler ». La psychologue proposera la création d’un groupe de « réflexion éthique », ayant perçu que ce syntagme serait plus opérant dans cette institution que celui de « groupe de parole » ou de « supervision ».

« L’être parlant apprend-il à vieillir ? à vivre ? à mourir ? Y a-t-il des méthodes pour cela ? » questionne C. Valette-Damase au cours de son intervention. « Certains le pensent et mettent en œuvre des programmes à appliquer. La psychanalyse parie, elle, sur la parole […] avec comme seul moteur le désir »

 

* Journées de l’ACF à la Réunion avec Claudine Valette-Damase, échos de la matinée du 18 juin 2021.

[1] Centres d’Études et de Recherches sur l’Âge et le Sujet : réseau de professionnels en métropole et à la Réunion, construit à l’initiative de Michel Grollier et de notre invitée, qui se déploie en référence à la psychanalyse d’orientation lacanienne.




« En quoi enseigner c’est être en position d’analysant? »

« En quoi enseigner, c’est être en position d’analysant ? »

ACF- Journées avec B. JULLIEN, Aout 2021

Lacan dit : « Quelque chose auquel on ne comprend rien, c’est tout l’espoir, c’est le signe qu’on est affecté. Heureusement qu’on n’a rien compris, parce qu’on ne peut jamais comprendre que ce qu’on a déjà dans la tête ». [1]

L’enseignement selon Lacan c’est le savoir acquis de la psychanalyse. L’enseignement de la psychanalyse n’est pas l’enseignement universitaire. En effet, il suppose de se laisser bousculer dans ses certitudes et de la rencontre avec le texte ou l’orateur accepter qu’émerge une autre question, une équivoque, un manque. N’est-ce pas cela la position de l’analysant ?

Quelle idée me traverse lorsque « j’enseigne » et que « je » suis enseignée ? qu’est ce qui me conduit en cartel ? que se passe-t-il lorsque j’écoute un témoignage de patient ou de passe ? une conférence ? ou encore lorsque je lis Lacan. Ce sont autant d’interrogations que cette question à l’Ecole a suscitées.

Enseigner et être enseigné semblent indissociables ; il s’agit d’exprimer quelque chose du désir de celui qui enseigne mais également de celui en position d’être enseigné.

Dans l’enseignement, il y aurait l’expression d’un désir de savoir qui donnerait l’illusion de pouvoir s’affranchir du désir de l’autre.

Pierre NAVEAU sur la position subjective de l’enseignant disait, dans son texte « Le risque d’enseigner » : « il faut y croire, à coup sûr, mais il est impossible de s’y croire »[2], s’inspirant ainsi de ce que disait Lacan dans son « Allocution sur l’enseignement » : « à s’offrir à l’enseignement, le discours psychanalytique amène le psychanalyste à la position du psychanalysant »[3]. Il n’y a donc pas d’enseignement de la psychanalyse sans transfert.

L’analysant est en posture d’analyser quelque chose de son désir et de son savoir sur lui-même et d’en dire quelque chose à l’analyste. Connaissance sur soi dont l’analysant fait un savoir dont il peut disposer pour en transmettre une parole à l’autre.

Ce qui s’enseigne c’est de l’inconscient, le reste c’est de l’information, du redit. Peut-on parler « d’effet d’enseignement » comme d’un effet de la cure ?

B.JULLIEN[4] dans son texte sur le cartel dit:  « […]En essayant de répondre à ce qui fait énigme pour eux, j’entends dans ma formulation de nouvelles pistes de compréhension, un peu comme dans la position de l’analysant, lorsqu’on aperçoit, dans ce qu’on dit en séance, une équivoque, un autre sens, un oubli, un mot qui manque… ».

Enfin l’enseignement c’est également une question de rencontre. De cette rencontre chaque partie s’enseigne. Il n’y a pas d’enseignement unilatéral mais un double-enseignement qui ne peut émerger que de la rencontre avec l’autre. N’est-ce pas là la question du transfert ?

 

[1] Jacques LACAN, le séminaire livre XI, « Les 4 concepts fondamentaux de la psychanalyse » Paris, seuil 1973, pages 214-215

[2] Pierre NAVEAU, Extrait du texte « le risque d’enseigner » initialement paru dans MILLER J-A. ss dir. Qui sont vos psychanalystes ? Paris, seuil, 2002, page 41- 420

[3] Jacques LACAN « Allocution sur l’enseignement » dans Autres écrits, Paris, seuil, 2001, page 304

[4] Bénédicte JULLIEN, Cartelo N° 19 décembre 2017, Le cartel : s’enseigner de ceux qui nous affectent.

 




Écho des journées avec Bénédicte Jullien

 « Vouloir ou désirer : l’énigme du mâle-entendu » : Écho des journées d’étude théoriques et cliniques de l’ACF à la Réunion, avec Bénédicte Jullien,  les 26 et 27 Août 2021 :

Les journées d’étude avec Bénédicte Jullien ont été un temps fort de mise au travail à la Réunion autour du thème des J 51, « La norme mâle ».

A travers les différentes séquences et en particulier dans sa conférence intitulée « Entre volonté et désir, le phallus », Bénédicte  Jullien nous a proposé un parcours très précis sur le concept de phallus chez Freud et Lacan, éclairant d’un jour nouveau  notre thème de l’année « Vouloir ou désirer ? » et mettant en évidence sa valeur opératoire, entre désir et jouissance.

Si, comme elle le formule de façon très percutante « le phallus est cette faille, ce trou dans la Bedeutung, c’est-à-dire l’incapacité de toute signification à recouvrir ce qu’il en est du sexe….semblant qui montre un blanc dans le sens, sens blanc »[1], vouloir s’en passer n’éliminera pas ce dérangement dans le sexuel pour l’être parlant et ne dispensera pas de la limite qu’implique de s’inscrire dans un discours.

Tous « aphligés »[2] du langage, n’est-ce pas cela qui est refusé dans les revendications actuelles féministes et LGBT+ ?

 

[1] Propos prononcés lors de la conférence de Bénédicte Jullien à l’ACF à la Réunion,26-08-21

[2] ibid




Être mère

La psychanalyse très souvent devance l’actualité.

En effet, le 18 juillet dernier, Guillaume CHICHE, un élu de LREM a fait une proposition de loi visant à étendre la procréation médicalement assistée à toutes les femmes.

Des femmes psychanalystes, ont participé à la réalisation d’un ouvrage sous la direction de Christiane ALBERTI, autour du thème « Être mère » ; thème abordé lors des 44èmes journées de l’École de la Cause freudienne à Paris, en novembre 2014. Y est présentée la façon dont « être mère » résonne pour certaines femmes, qu’elles soient mariées, célibataires, homosexuelles.

Cet ouvrage collectif vous sera également proposé lors des prochaines journées de l’ACF La-Réunion, en présence de Laurent Dupont. Vous y trouverez un texte de notre dernière invitée, Esthela Solano-Suarez.

N’hésitez pas cependant à aller faire un petit tour sur la librairie en ligne de l’ECF, il y aura à coup sûr un ouvrage qui attirera votre attention !

https://www.ecf-echoppe.com

Marie-Pierre AUDOUY, responsable de la bibliothèque de l’ACF La-Réunion