PIPOL 12 – Malaise dans la Famille – les 12 et 13 Juillet 2025 à Bruxelles

Sil est une évidence du Malaise dans la civilisation de notre époque, cest celle des familles. La famille nest plus, tout comme la figure du père, la même. Parfois encore d’apparence traditionnelle, elle se trouve fortement remaniée et se présente sous des formes diverses et extrêmement variées : décomposée, recomposée avec des enfants dunions différente pour chaque conjoint, monoparentale, homoparentale, ou encore tri-parentale. Les inventions ne cessent plus pour se bricoler, quand cest nécessaire, une manière de faire famille maintenant que la loi a remis en cause des codes de la famille qui avaient installé le père comme étant nécessairement celui de tous les enfants nés dans le mariage. Cette redistribution des rôles a visé, principalement, le représentant paternel ; sans doute avait-il fallu tenter de préserver ainsi quelque chose du patriarcat, qui néanmoins résiste mal sous les coups associés du discours de la science et du capitalisme.

La famille est la première institution humaine ; elle est donc symbolique et non pas naturelle. « Penser la famille comme relevant de la nature est une tentation, puisque chez les animaux ce type de lien existe […] [1] » Si elle est à la racine de l’institution humaine, on peut inférer qu’elle est aussi le point de départ de toutes les autres, et singulièrement des institutions de soins. Substituts ou prolongements de la famille, les institutions ne peuvent faire l’économie du travail avec les familles. Elles peuvent prendre distance de l’idéal familial en s’appuyant sur la clinique du sujet, mais elles ne peuvent le séparer de son Autre primordial, le véhicule de sa langue, dont l’incarnation est toujours issue de la famille aussi réduite ou absente soit-elle.

Dans son texte « Affaires de famille dans l’inconscient », Jacques-Alain Miller actualise la définition de la famille aujourd’hui. La famille n’a plus son origine dans le mariage, mais « la famille a son origine dans le malentendu, la non-rencontre, la déception, dans l’abus sexuel ou dans le crime […] La famille est formée par le Nom-du-Père, par le désir de la Mère, par les objets a […] La famille est essentiellement unie par un secret, elle est unie par un non-dit […] c’est toujours un secret sur la jouissance : de quoi jouissent le père et la mère ? [2] »

La famille est aussi par conséquent le lieu privilégié où s’exprime le Malaise dans la civilisation [3]. Si la famille est fondée pour satisfaire lÉros, le déchaînement de Thanatos, comme dans toute création humaine, y applique son joug par l’intermédiaire du Surmoi. Dans son grand texte sur les complexes familiaux, Jacques Lacan annonçait déjà la disparition programmée de la famille paternaliste [4] et soulignait que le complexe d’Œdipe lui était irrémédiablement attaché. J.-A. Miller souligne par ailleurs que les complexes familiaux, tels que Lacan les développe, sont une préfiguration de son structuralisme [5]. Sans la famille paternaliste, lieu de formation de linconscient structuré par les complexes, on peut entrevoir la disparition progressive de l’Œdipe et des névroses classiques. La nouvelle définition de l’inconscient avancée par Lacan en 1957 [6], « l’inconscient est structuré comme un langage » permet de sortir de l’impasse du roman œdipien développé par Freud.

Le malaise dans la famille se traduit par de nombreux symptômes chez les enfants et les adolescents : les divers recours toujours plus nombreux aux psys pour traiter les dys en témoignent, ainsi que la violence et le toxique qui règnent chez les adolescents, sans oublier les nombreuses plaintes pour harcèlement et abus sexuels. L’envers de cet abord classique, sera de questionner la part que les adolescents et aussi les enfants d’aujourd’hui prennent quand ils s’élèvent contre les structures de la famille pour les faire voler en éclats. Et donc de cerner ce que peut être la place du psychanalyste dans la rencontre avec ces jeunes sujets et leurs nouveaux modes d’être.

Le signifiant-maître de l’amour règle la formation et la séparation des couples et donc des familles, mais le prix de cette liberté partagée, que nous n’imaginerions plus contester, est lourd à payer pour les familles. Là où dominait la promesse d’un engagement avec sa connotation morale et où, ailleurs, pouvait régner l’enfermement dans un ordre de fer sous la houlette de la morale religieuse, aujourd’hui c’est l’errance amoureuse qui balaie les couples et leurs rejetons au gré des disputes, et du partage des biens. Faire famille aujourd’hui nécessite d’inventer de nouvelles manières de fabriquer des liens, de vivre ensemble, de bricoler dans un espace et un temps qui sont plus que jamais temporaires.

Mais coexistent aussi dans nos métropoles des familles qui n’ont pas connu les effets des transformations résultant des oppositions conduites par la jeunesse, les luttes pour l’égalité des sexes, etc. Elles viennent de divers coins du monde et fonctionnent avec des structures traditionnelles, souvent étroitement nouées à des pratiques religieuses. Dans cette très grande hétérogénéité et diversité que notre société a laissées se développer au gré de la mondialisation et de l’ouverture aux autres, à l’Autre différent, nous constatons que les sujets sont souvent écartelés entre deux discours du maître : celui de leur famille et celui des valeurs qui traversent la société, par exemple le discours woke.

L’angoisse est, aujourd’hui, le symptôme prévalent dans ce qui se rapporte à la famille. Elle supplante largement les symptômes corporels et la culpabilité. Elle amène un certain nombre de sujets à décider de ne pas fonder une famille, se sentant impuissants face à l’avenir. Ils ne savent pas où trouver l’appui pour les défis que notre société doit affronter pour tenter de réguler ce que la jouissance des humains ne cesse de produire comme déchets envahissants et déclenchements de guerres.

L’introduction de ce que l’on pourrait appeler un Autre illimité (internet et ses applications), dérégulé (avec ses codes propres et échappant aux législations qui peinent à encadrer leur usage) et omniscient (les intelligences artificielles) au cœur même des familles contribue à la désorganisation des liens. Surinformés, désinformés, constamment aux prises avec les nouvelles du monde, les sujets ont affaire à une jouissance illimitée qu’ils sont peu formés à affronter. Cet outil humain, comme toute création humaine, transporte le meilleur et le pire et a un impact direct sur le Malaise dans la famille.

Mais, la famille c’est aussi le un par un de ceux qui la composent – grands-parents, parents, enfants, cousins, etc. – et de ce que chacun met en jeu de sa propre névrose ou folie qui, là, peut apaiser, ailleurs, pousser au pire.

PIPOL 12 sera l’occasion de mettre à l’étude ce qu’aujourd’hui signifie ce concept de famille, ce qu’il contient, ou pas, dans la nouvelle configuration des familles où l’accélération des changements des liens sociaux n’est pas sans se manifester dans les demandes et les modalités d’une clinique qui s’invente et que nous notons dans notre pratique.

Katty Langelez-Stevens


[1] Jacques-Alain Miller, « Affaires de famille dans l’inconscient », Enfants terribles et parents exaspérés, Institut psychanalytique de l’enfant du Champ freudien, Paris, Navarin éditeur, 2023, p. 161.

[2] Ibid., p. 163.

[3] Freud lui consacre un chapitre dans son essai Malaise dans la civilisation, PUF, 1971, p. 49-59.

[4] C’est ainsi que Jacques Lacan la qualifie dans son texte « Les complexes familiaux dans la formation de l’individu », Autres écrits, Seuil, 2001, p. 56.

[5] Jacques-Alain Miller, « Lecture critique des ‘complexes familiaux’ de Jacques Lacan », La Cause freudienne, n60, juin 2005, p. 33-51.

[6] Jacques Lacan, « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud », Écrits, Le Seuil, 1966, p. 193-528.




54° Journées de l’École de la Cause Freudienne




XXIe Congrès de la NLS : Clinique du Regard – 11 et 12 Mai, Dublin et en Visio

Argument de Daniel Roy 

La clinique du regard a une origine tout à fait humble dans notre champ. Sauf exceptions, qui seront à prendre en compte, elle n’a rien de spectaculaire. Elle est concomitante de l’entrée en analyse, au moment où, passant sur le divan, le patient, devenu analysant, ne peut plus se soutenir du regard de l’analyste, et où celui-ci se trouve hors du champ visuel de l’analysant. 

Une coupure – Un désir

C’est de ce moment-là que surgit le regard comme objet séparé, séparé de l’échange de la relation spéculaire.

C’est ainsi que l’objet regard naît du désir de Freud, au moment où il invente le dispositif analytique, et que, pour chaque analyse, le désir de l’analyste intervient pour créer ce champ où le regard peut s’isoler comme objet séparé.

C’est ainsi que l’objet regard naît d’une soustraction, et, plus radicalement, d’une coupure… lire la suite ici




3ème Journée du CERA – Samedi 23 Mars

La 3ème Journée du CERA aura lieu au Palais des Congrès d’Issy les Moulineaux.

Vous pouvez trouver l’argument ICI, avec un exemple de questions qui y seront traitées




Congrès de l’AMP Tout le Monde est fou – En visio

Le Congrès de l’AMP va se dérouler en visio du 22 au 24 février 2024.

Vous pouvez trouver l’argument de JAM ICI

Le programme détaillé des simultanées ; celui des 2 sessions de Plénières arrive bientôt.

Don’t Miss It !

 




Matinée des Cartels – 2 Décembre

LE CARTEL, ORGANE DE BASE DE L’ÉCOLE

Le savoir analytique ne se transmet pas à l’université, et la formation du psychanalyste ne relève d’aucun cursus universitaire ni n’est validée par aucun diplôme. Dès lors, comment le psychanalyste peut-il se former aux concepts et notions fondamentales de son champ ?

À l’analyse et au contrôle, Lacan adjoint, pour la formation du psychana- lyste, un nouveau dispositif, qu’il instaure lorsqu’il fonde l’École freudienne de Paris en 1964 : le cartel. Au sein de ce petit groupe, qui a pour visée une « élaboration soutenue »1, quatre plus un se mettront au travail, un an voire deux, puis permuteront.

En 1980, lorsqu’il dissout son école et appelle de ses vœux une contre-expérience, qui deviendra la Cause freudienne, Lacan dit : « Je n’attends rien des personnes, et quelque chose du fonctionnement. »2 Il en appelle de nouveau au cartel, qu’il élève désormais au rang d’« organe de base »3.

La dimension d’organe de base de l’École sera mise à l’étude lors de la Matinée des cartels qui aura lieu le 2 décembre 2023. Nous tenterons de tirer, à travers six interventions, les conséquences du cartel, organe de base, pour la formation du psychanalyste.

1. Lacan J., « Acte de fondation », Autres écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 229.
2. Lacan J., Aux confins du Séminaire, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Navarin éditeur, 2021, p. 50. 3. Ibid., p. 56.

WEBINAIRE SUR INSCRIPTION WWW.CAUSEFREUDIENNE.ORG




J53




XXI Congrès NLS

Les 20 et 21 Mai prochains se dérouleront, à Paris et en visio, le XXI Congrès de la NLS.

Le titre en est :

Malaise et angoisse dans la clinique et dans la civilisation

Vous pouvez lire l’argument de Daniel Roy ICI

et parcourir les travaux préparatoires déjà diffusés sur le blog ICI

See You In Paris !




PIPOL 11 : les 1er et 2 juillet 2023, à Bruxelles

PIPOL 11 se tiendra à Bruxelles les 1er et 2 juillet 2023 sous le titre : « Clinique et critique du patriarcat ».

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QUESTION D’ÉCOLE : samedi 21 janvier en visioconférence

La Journée de l’ECF Question d’École se tiendra en visioconférence le samedi 21 janvier 2023.

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